vendredi 11 mai 2007

Les coulisses de l'arrivée de Google en Wallonie

Digne d'être adapté au cinéma ;-)

Impressionnant...

Google à Saint-Ghislain, coup de poker à 250 millions EUR

Le géant américain créera une unité centrale de données à Saint-Ghislain dans le Hainaut, générant 120 emplois. Mais le contrat aurait pu ne jamais voir le jour. Voici les coulisses du deal.

Dans le courant du mois de novembre 2005, l'ambassade de Belgique aux états-Unis est contactée par des investisseurs se présentant sous l'étiquette du projet Zenzu. Ils cherchent un vaste terrain avec de l'eau à proximité et pouvant fournir une capacité électrique de 150 mégawatts. L'ambassade transmet alors le dossier aux trois régions.

En Wallonie, l'Office for Foreign Investors (OFI) envoie un fax aux huit intercommunales et, quelques jours plus tard, reçoit une réponse de l'intercommunale montoise IDEA. Un terrain de 85 hectares qui devait, à l'origine, accueillir une unité de la société chimique Cytec est disponible au bord du canal du Centre.

Deux personnes, messieurs Stern et Arakis, se présentent alors en Belgique pour visiter le terrain. Intrigués par la taille du projet, les responsables de l'OFI mènent une petite enquête et s'aperçoivent assez rapidement que M. Arakis, qui s'est présenté sous sa véritable identité, fait partie du personnel de Google. Les responsables du projet Zenzu confirment. François Stern s'appelle en réalité François Sterin et il est le responsable des infrastructures pour Google.

Cependant, si les Belges veulent conserver une chance de décrocher l'investissement, ils devront signer un contrat de confidentialité très strict. Si la nouvelle est éventée, les Américains assurent qu'ils partiront comme ils sont arrivés et l'affaire se fera dans un autre pays.

Le site de Saint-Ghislain est d'ailleurs en concurrence avec deux terrains en Suède et un en France.

Il apparaît finalement que la Suède a bien failli emporter la mise grâce à ses coûts énergétiques fort peu élevés.

En janvier 2006, Google s'est adjoint les services du bureau conseil DLB qui a pris contact avec des ingénieurs, des entrepreneurs, des architectes… Toutes les personnes approchées et mises dans la confidence ont dû signer le même pacte de confidentialité.

Au début de l'été, Google a laissé tomber le nom de code Zenzu et a mis en place une structure qui passait par une société hollando-irlandaise basée à Wavre s'appuyant sur un capital de 500.000 euros: Crystal Computing.

Le projet a commencé à faire du bruit, les riverains, inquiets du développement futur du site, ont pu assister à une réunion publique en janvier 2007 afin de prendre connaissance de la configuration urbanistique et environnementale. Les questions des journalistes étaient systématiquement déviées vers le directeur de la communication de Google qui se faisait passer pour un membre de Crystal Computing.

Le monde politique, mis au parfum depuis le début de l'aventure, a respecté la clause de silence, malgré l'envie de l'un ou l'autre d'annoncer la bonne nouvelle pour la Wallonie. Google avait pourtant été très clair: à la première incartade, l'investissement se faisait ailleurs.

Le terrain de Saint-Ghislain semblait convenir, mais il a encore fallu surmonter une série d'obstacles. Une ligne de chemin de fer reliant la société Kemira au canal a été déplacée de quelques mètres pour dégager la parcelle; il a fallu tirer une ligne haute tension pour arriver à la capacité voulue de 150 mégawatts; il a fallu niveler le terrain sur deux niveaux.

Malgré cela, le fil des discussions n'a jamais été rompu. Les différents partenaires approchés y ont cru, le monde politique a apporté son soutien dès le début et l'OFI, aux premières loges, a joué le rôle de facilitateur entre les différentes parties. En bout de course, la Région wallonne et l'Europe y sont allées de leur poche, en promettant une aide de 100.000 euros par emploi créé, soit une enveloppe de 12 millions d'euros. Voilà comment Saint-Ghislain a séduit Google, pas à pas, à l'ombre de négociations frappées de la plus grande confidentialité. Malgré quelques moments de panique: lors d'une visite du terrain en 2006, les responsables de Google se sont fait voler leurs ordinateurs et téléphones portables...

Le projet de Google pourrait encore s'étendre. Les Américains ont l'intention d'installer un véritable campus sur leur nouveau site et trois autres modules, identiques au premier, pourraient être développés. Dans ce cas, l'investissement serait porté à un milliard d'euros et près de 500 emplois au total seraient créés. Les responsables de l'OFI espèrent que l'arrivée de Google à Saint-Ghislain donnera des idées à d'autres.

Via l'Echo (10/11/07)

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